Leplus beau et le plus grand jardin de Paris . Même si les plans de Brongniart n'ont pas été suivis à la lettre, il n'en reste pas moins que le Père-Lachaise est aujourd'hui l'un des plus beaux espaces verts paysagers de la capitale, à coup sûr le plus grand (44 hectares). Ombragé de plus de 4 200 arbres, essentiellement des érables, des frênes, des thuyas et des Lecélèbre écrivain et cinéaste naquit en effet dans cette ville de Provence le 28 février 1895, au 16 du cours Barthélemy. Sa maison natale a d’ailleurs été transformée en musée, pour le plus grand plaisir de son petit-fils, Nicolas Pagnol . Cest sans doute le cinéaste italien le plus intéressant d’aujourd’hui : Marco Tullio Giordana signe, avec "Léa", qui sort cette semaine, un film passionnant, d’une rare densité humaine. L’histoire de cette femme qui fuit, avec sa fille, la violence de la N’Drangheta, la mafia calabraise, est poignante. Le réalisateur revisite 20 ans de l’histoire de son pays, en filigrane Lepère était peintre le fils cinéaste Answers is: R E N O I R « Previous All Puzzle 3 Answers Next » About CodyCross. CodyCross is a famous newly released game which is developed by Commeil aimait à le rappeler, Jean Renoir (1841-1919) était aussi le « fils de ». Pierre-Auguste Renoir, est un des principaux artistes de l'impressionnisme et il est célébré au début du XX e siècle comme un maîte de l’at fançais. Jean a 26 ans quand son père disparaît. Jean hérite de centaines de tableaux et devient en quelque lepeintre des tournesols codycross - espace pro iKcWB. Qui ? Quand ? Pourquoi ? La question a été tournée, retournée des dizaines de fois. Sans toutefois que le voile du mystère ne se lève. Le dernier à s’être frotté à la chose est un cinéaste espagnol de 36 ans. Samuel Alarcon. Il a signé un documentaire Le crâne de Goya », prix du meilleur scenario au festival de Madrid et retenu au FIPA 2019, coproduit par les Bordelais de Marmita Films J’ai eu le...Qui ? Quand ? Pourquoi ? La question a été tournée, retournée des dizaines de fois. Sans toutefois que le voile du mystère ne se lève. Le dernier à s’être frotté à la chose est un cinéaste espagnol de 36 ans. Samuel Alarcon. Il a signé un documentaire Le crâne de Goya », prix du meilleur scenario au festival de Madrid et retenu au FIPA 2019, coproduit par les Bordelais de Marmita Films J’ai eu le fantasme que la vérité surgisse, que l’on puisse retrouver ce crâne… », souffle-t-il. Goya, un réfugié à Bordeaux L''institut Cervantes, à Bordeaux Francisco Goya passe les huit derniers mois de sa vie au 57 cours de l'Intendance, à Bordeaux. Petit retour en arrière. Francisco Goya y Lucientes s’installe à Bordeaux en 1824. Il a 78 ans, n’entend plus rien et ne parle pas un mot de français. Mais jouit d’une immense renommée, d’où sa charge de peintre à la cour d’Espagne. Or, l’absolutisme du roi Fernando VII le pousse à l’exil. Le génial Aragonais prétexte une cure thermale à Plombières pour filer à l’anglaise et gagner les bords de Garonne. Il y retrouve une diaspora espagnole acquise aux idées libérales. Sa jeune compagne, Léocadia, s’installe avec lui et ses deux enfants. En quatre ans, la famille déménage quatre fois. Les huit derniers mois de sa vie , il les passe au 57 cours de l’Intendance, où est désormais installé l’Institut Cervantès. A Bordeaux, Goya fréquente ses compatriotes. Son grand âge ne le fait pas renoncer au travail. Au contraire. Il s’initie aux techniques de gravures. Surtout, il arpente la ville, un carnet de croquis à la main, assiste aux courses de taureaux, aux exécutions capitales place de la Victoire... Il existe 44 dessins jetés sur le papier qui racontent les Bordelais, vus par l’œil de Goya. De ce séjour, on retiendra aussi le premier chef d’œuvre de la lithographie et l’un de ses derniers chefs-d’oeuvre les quatre pièces baptisées Taureaux de Bordeaux. Et, bien sûr, la célèbre Laitière de Bordeaux », exposée au Prado à Madrid. L’oublié de la Chartreuse 16 avril 1828. 2 heures du matin. El pintor » s’éteint à 82 ans dans son appartement du cours de l’Intendance. La nouvelle se répand comme une traînée de poudre. Si bien que l’Église Notre-Dame est pleine quand les obsèques sont célébrées en fin de journée. Goya est inhumé au cimetière de la Chartreuse, dans la tombe de Miguel Martin Goicochea. Un ami proche qui est aussi le beau-père de Javier Goya, le fils du peintre. En froid avec son père, ce dernier ne vient à Bordeaux que huit jours après le décès. Il prend soin de faire rapatrier les meubles de son père. Pas son corps. Laissant au passage Léocadia dans le plus grand dénuement. Sur le cénotaphe de la Chartreuse il est gravé dans la pierre "A Goya". Les années passent. Goya est abandonné à l’oubli de l’exil. Un demi-siècle s’écoule. Et voilà qu’au hasard d’une visite sur la tombe de sa femme, Joachim Pereyra, le consul d’Espagne, aperçoit l’épitaphe sur un monument funéraire décati. Il se met en quatre pour rendre la dépouille de Goya à l’Espagne. Près de dix ans. C’est le temps qu’il aura fallu pour que les administrations française et espagnole accèdent à la légitime initiative du consul. Le 16 octobre 1888, ce dernier, accompagné de quelques témoins, dont le Bordelais Gustave Labat, regardent les fossoyeurs pénétrer dans la crâne de Goya a disparu ! Les ossements de deux corps gisaient épars sur le sol … Près de l’entrée se trouvaient les débris d’un colosse. C’était là ce qu’il restait de Goya. Seulement notre émotion fut bien vive. Sa tête avait disparu. Une main sacrilège l’avait dérobé. Où, quand, comment ? Stupeur ! Deux squelettes ont été sortis de leurs tombes. Le plus petit est entier. Le plus grand, manifestement celui de Goya, n’a plus de tête ! Pereyra pressent que la nouvelle pourrait compliquer le rapatriement. Il décide donc d’envoyer en Espagne les deux corps , celui sans tête de Goya et celui de Goicochea. En 1899, une fois les contraintes budgétaires et aléas administratifs levés, les ossements prennent, enfin, le chemin de à cette occasion, que le Bordelais Labat, témoin de l’inhumation, livre sa version des faits dans le bulletin de l’Académie des sciences, des belles lettres et des arts de Bordeaux Les ossements de deux corps gisaient épars sur le sol … Près de l’entrée se trouvaient les débris d’un colosse. C’était là ce qu’il restait de Goya. Seulement notre émotion fut bien vive. Sa tête avait disparu. Une main sacrilège l’avait dérobé. Où, quand, comment ? » A qui appartient la main sacrilège ? Des questions encore sans réponse. La vérité se trouve bien quelque part mais où ? Plusieurs hypothèses ont fleuri. Toutes convergent vers celle d’un adepte d’une science balbutiante au moment des faits la phrénologie. Une discipline qui consiste à étudier le caractère, le génie, le talent ou le vice d'un individu, d'après la forme de son crâne... Celui de Goya valait le coup d’oeil. Il se dit que l’artiste aurait donné son accord à son médecin, le Docteur Gaubric, pour procéder à l’examen post mortem. Le geste sacrilège aurait ainsi eu lieu dans le laboratoire de l’école de médecine de Bordeaux. C’est en tout cas ce que dit l’acte laissé par Gaubric glissé dans le cercueil. Il y est dit que le crâne a été remis à la dépouille. Mais il n’y est pas. Il serait tout simplement resté dans la salle d’anatomie. Et identifié comme tel. Un étudiant l’aurait sauvé de la fosse commune quand il s’est agi de renouveler l’ossuaire. Dans les années 1950 on trouve sa trace dans un bar espagnol des Capucins le Sol y Sombra. Au Sol y Sombra L’étudiant en médecine en aurait fait don à ce petit bout d’Espagne. C’est toujours ça. Lors des agapes estudiantines, il est de coutume d’aller s’incliner devant le héros national qui trône en évidence au fond du troquet. En 1961, un fait divers sonne le glas de l’établissement. On a d’abord cru à un meurtre. Il s’agissait en fait d’une banale, mais tragique, intoxication au gaz. Le rideau est tiré, tout le mobilier est repris par un brocanteur. Le crâne de Goya est aperçu pour la dernière fois sur son étal, au marché aux puces de Mériadeck. Goya est une figure à la hauteur de sa légende Luisa Castro, directrice de l’Institut Cervantès de Bordeaux. Le carabin cleptomane Une thèse séduisante. Dans son film, Samuel Alarcon, a procédé à une reconstitution méticuleuse des dernières heures de Goya. Il apparaît selon sa thèse, que Goya a été mis en terre en un seul morceau. Sa tombe a donc été profanée... Le cinéaste explore une voie loin de Bordeaux La peinture d’un crâne comme seul indice du crâne d’une peintre ». En l’occurrence une vanité intitulée Crâne de Goya », réalisée par le peintre Dionisio Fierros. Datée de 1849…. Or, à cette date, quarante ans avant la terrible découverte au cimetière de la Chartreuse, personne ne pouvait savoir que le crâne avait été dérobé. A moins que... Et puis les biographes disent de Fierros qu’il était un peintre d’une grande probité. Aussi, celui-ci n’aurait pu réaliser le tableau sans modèle original. Il y a fort à parier que le crâne a été volé et acheminé de l’autre côté des Pyrénées. Coïncidence troublante, avant d’être exposé au musée de Saragosse, le tableau était la propriété du Marquis de San Adrian. Or Goya lui avait tiré le portrait, l’un de ses plus beaux. Et les deux hommes étaient devenus amis lors de leur exil bordelais... Le petit-fils de Fierros passera sa vie à chercher le crâne de Goya. Il publie un essai en 1943 sous le titre Mon Grand Père a-t-il volé le crâne de Goya ? ». Le documentaire de Samuel Alcaron remonte patiemment cette piste pour parvenir à un dénouement… incertain. Mais qui accrédite une autre des thèses qui circule à Bordeaux. Celle d’un carabin espagnol, cleptomane et adepte de phrénologie qui aurait commis l’acte sacrilège…191 ans après sa mort, on ignore encore qui a volé le crâne de Goya. Et encore moins où il se trouve. Publié le vendredi 5 octobre 2018 à 14h57 Auguste Renoir dans son atelier à Cagnes-sur-Mer aux environs de 1907. 1958. Avant dernier entretien avec Jean Renoir, fils du peintre Auguste Renoir, dont il raconte sa façon de penser et de voir le monde, "un peu caméléon" qui cherche le contact, ouvrant ses portes à ses amis artistes ou non, et refusant jusqu'au bout de se prendre pour un génie. Dans ce neuvième volet de la série d'entretiens enregistrés en 1958 avec le cinéaste Jean Renoir, celui-ci revient sur la légende du pinceau attaché à la main de son père Auguste Renoir, alors paralysé par une polyarthrite "En réalité, il tenait son pinceau, le pinceau n'était pas attaché." A la fin de la guerre, Jean Renoir, en convalescence, lui a beaucoup tenu compagnie et a pu ainsi l'écouter raconter des bribes de sa vie. Heureusement, moi non plus je ne pouvais pas marcher à cause de mes blessures et nous passions nos journées au coin du feu et nous parlions, nous nous racontions des histoires, c'était la seule distraction de Renoir. Et il avait bien besoin de distractions car ses souffrances étaient grandes. Jean Renoir fait appel à ses souvenirs le sculpteur Maillol s'est installé un temps auprès de Renoir, "il avait commencé un buste de Renoir qui était un chef-d’œuvre" ; mais aussi Matisse, "un homme extrêmement calme et agréable". Ce monde de Renoir était vraiment "un monde Renoir". Je m'en rends compte maintenant, plus que quand j'étais petit. Il y avait d'abord cette espèce de gaieté qui naissait de la fréquentation de mon père. Il y avait aussi ce fait qu'aucune opinion autour de lui ne semblait être définitive. Il admettait toutes les idées, il admettait toutes les situations. Jean Renoir dans "Mémorables", une série d'entretiens réalisée en 1958 et rediffusée en 2001. 9/10 25 min France Culture Sur les fréquentations de son père, Jean Renoir peut affirmer "Le tout Paris non conformiste a été son ami !" L'ambition de mon père lorsqu'il rencontrait quelqu'un était de le connaître, en réalité il était constamment en train de faire le portrait de son interlocuteur, peut-être pas avec un pinceau mais en esprit. Et la seule façon de faire un portrait, est de connaître non seulement l'aspect extérieur mais tous les secrets intérieurs du modèle. A cause de cela, mon père était, tout du moins très superficiellement, un peu caméléon dans son désir d'établir un pont immédiat entre l'interlocuteur et lui. Et Jean Renoir de conclure cet entretien sur le génie de son père, terme que le peintre refusait d'entendre à son propos Quelques fois, mon père m'a parlé de cette espèce de rencontre de la matière et de l'esprit qui peut parfois être réalisée par des êtres exceptionnels dans l'histoire de l'Eglise, des Saints ont réalisé cela, dans l'histoire de l'art, des génies l'ont réalisée. Je pense que mon père y est arrivé plusieurs fois. Lui, ne pensait pas qu'il y était arrivé mais il savait que des êtres y étaient arrivés et il espérait s'en approcher un petit peu. "Mémorables" avec Jean Renoir 9/10 Première diffusion le 17/05/2001 Producteur Jean Serge Indexation web Odile Dereuddre, de la Documentation de Radio France Le génial Deep End sort ces jours-ci dans une superbe édition Blu-ray chez Carlotta. Idem pour Essential Killing parmi les dix meilleurs films de l’année 2011, chez Studiocanal. C’est occasion de se pencher à nouveau sur l’œuvre de Jerzy Skolimowski photo en tête de texte, une des plus belles du cinéma moderne. Jerzy Skolimowski, né en 1938, fut une figure marquante du nouveau cinéma polonais des années 60 aux côtés de Roman Polanski avant de devenir un cinéaste insaisissable, à la carrière déroutante. Signes particuliers de Skolimowski à la fois poète et boxeur, acteur et réalisateur, franc-tireur et farouchement individualiste, comme en témoignent ses premiers films et ceux qui suivront, tournés un peu partout dans le monde. Walkover est le deuxième long métrage de Skolimowski, après Signe particulier néant 1964. Il y interprète le rôle principal, celui d’un étudiant désœuvré qui a raté son diplôme d’ingénieur et qui erre dans des paysages industriels incertains, jamais à sa place dans une Pologne en voie de modernisation. Rencontres pittoresques, humour grinçant, jeunes femmes agaçantes, mais surtout inventivité permanente de la mise en scène. Skolimowski, sans doute sous influence godardienne, comme beaucoup d’autres à l’époque, bouscule la syntaxe cinématographique, les bonnes manières et les habitudes. Le film débute par une image gelée, puis le regard caméra d’une jeune femme en gros plan, quelques secondes avant qu’elle ne se jette sous un train arrivant en gare. C’est de ce même train que va descendre le héros » de Walkover, trentenaire qui va accepter par dépit de participer à un tournoi de boxe amateur. Lui aussi regardera régulièrement la caméra dans des plans fixes où il semble jauger le spectateur, lui imposer des plans miroirs où se reflète une image inconfortable de la condition d’homme, entre rébellion et désillusion, parfaitement intemporelle malgré l’ancrage historique du film dans la post Nouvelle Vague européenne. Skolimowski est un cinéaste de l’énergie, mais d’une énergie vaine. Il s’agit plutôt de dépense. Son personnage est sans cesse en mouvement, mais il fait du sur place, marche à reculons ou reviens en arrière le plan, a la fois allégorique et d’une impressionnante vigueur physique, où le cinéaste saute d’un train en marche pour rejoindre le lieu qu’il venait de quitter, prisonnier de la société, incapable d’échapper à un présent stérile et à un futur guère excitant. Athlétique, il doit sa victoire sur le ring non pas à sa force mais à un gag humiliant qui donne sa signification au film le walkover » du titre, qui désigne dans le vocabulaire de la boxe une victoire par abandon. Skolimowski, comme son collègue Polanski, ne va pas supporter longtemps la censure politique de la Pologne communiste. Après La Barrière 1966, Haut les mains est interdit l’année suivante par la censure il faudra attendre 1981 pour qu’il soit projeté sur un écran. Skolimowski quitte son pays et commence une carrière erratique d’exilé perpétuel, filmant d’abord en Belgique le magnifique Départ, très proche des films de Godard il lui emprunte Jean-Pierre Léaud, génial en garçon coiffeur rêvant de devenir champion de course automobile, en Italie Les Aventures du brigadier Gérard que Skolimowski considère comme son pire film. Heureusement son installation en Grande-Bretagne lui sera plus profitable. Deep End 1970, grâce à la ressortie providentielle du film en salles cette année, puis en DVD et Blu-ray, dans une magnifique copie restaurée merci Bavaria et Carlotta a permis de revoir ce film culte, sans doute le plus beau de Skolimowski et l’un des meilleurs des nouveaux cinémas européens des années 60-70. On a pu dire que les meilleurs films anglais modernes avaient été réalisés par des étrangers Blow Up d’Antonioni, Répulsion de Polanski et surtout Deep End de Jerzy Skolimowski. En règle générale, les films des grands cinéastes en exil possèdent une qualité d’étrangeté et d’observation qui les rend fascinants. Skolimowski dans Deep End ne quitte presque jamais les locaux d’une piscine filmés à Munich, coproduction oblige !, mais un coin de rue, une entrée de boîte de nuit et un bout de campagne enneigée suffisent à restituer le Londres de l’époque, beaucoup moins glamour que celui d’Antonioni mais absolument authentique, avec ce mélange de mauvais goût, d’ambiances glauques et de candeur érotique. Considéré à juste titre comme un des meilleurs films jamais réalisés sur l’état d’adolescence thème déjà traité dans les premiers films de Skolimowski et son premier long métrage hors de Pologne Le Départ tourné en Belgique avec Jean-Pierre Léaud, Deep End fut longtemps confiné à un culte confidentiel en raison de sa rareté, seulement visible dans de pauvres copies 16mm ou 35mm en mauvais état qui avaient survécu aux outrages du temps depuis le début des années 70, période sinistrée des nouveaux cinémas du monde entier dont la redécouverte est toujours autant d’actualité. Ceux qui avaient eu la chance de le découvrir par hasard en gardaient un souvenir ébloui. Ils n’avaient pas rêvé. La ressortie providentielle de Deep End en apporte la preuve éclatante. Le film enfin restauré avec ses rutilantes couleurs pop venant balafrer la grisaille londonienne est chef-d’œuvre de mélancolie et de cruauté, ancêtre pas si lointain des teen movies » sensibles signés Gus Van Sant dans son exploration pleine d’empathie des émois définitifs de l’adolescence. C’est un film de peintre ce que le réalisateur deviendra lorsqu’il cessera de mettre en scène pendant dix-sept ans, de poète ce qu’il avait été avant de faire des films mais aussi de boxeur autre activité du cinéaste dans sa jeunesse, qui a maintenu dans tous ses films une violence incisive, une précision du geste et une énergie virile qui n’appartiennent qu’à lui. Un jeune garçon timide devient employé dans des bains publics de l’East End londonien. Chargé d’assister les clientes, il découvre un univers clos où la promiscuité et la nudité humides des corps sont propices à divers échanges et trafics pas très éloignés de la prostitution. Il s’amourache surtout de sa collègue, une belle fille à la réputation facile qu’il épie et tente maladroitement de séduire. Deep End a l’idée géniale d’inverser les rôles au garçon de jouer les pucelles effarouchées devant les avances sexuelles des rombières ménopausées, tandis que la fille Jane Asher, fiancée de Paul McCartney au moment du tournage, cynique et libérée, s’amuse avec les hommes et les envoie balader à la première occasion. La beauté de porcelaine de John Moulder Brown, petit prince prolo et héros rimbaldien de ce roman d’apprentissage désastreux en vase clos ajoute au charme fou d’un film tour à tour drôle et tragique, où explose l’art de Skolimowski ce mélange de poésie et de trivialité, d’énergie et de morbidité que l’on a retrouvé intact dans ses derniers opus, le superbe Quatre Nuits avec Anna film du grand retour au cinéma après dix-sept ans d’absence consacrée à la peinture, dans une retraite improbable à Malibu, et aussi retour à la terre natale polonaise, que j’avais montré en ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes en 2009 et le non moins génial Essential Killing en 2011 encore une histoire de désir vital et de voyage vers la mort. J’avoue n’avoir jamais vu Roi, dame, valet d’après Nabokov, dont l’échec laissera Skolimowski six ans sans tourner et Le Cri du sorcier film sur la folie avec Alan Bates, Susannah York et John Hurt. Douze ans après Deep End, Skolimowski réalise un deuxième chef-d’œuvre à Londres, Travail au noir. Un film ouvertement politique, mais avant tout une aventure humaine absurde et obsessionnelle, comme toujours chez le cinéaste. Décidé et filmé dans l’urgence, Travail au noir répond au traumatisme du coup d’état polonais de décembre 1981, vécu de loin par l’exilé perpétuel Skolimowski. Le contremaître Novak et trois maçons polonais viennent travailler au noir à Londres pour effectuer des travaux dans la maison d’un riche compatriote. Lorsque Novak, le seul à parler anglais, apprend la nouvelle du coup d’état militaire, il décide de ne pas en informer les ouvriers, de les maintenir dans un état d’ignorance et de retarder le plus possible l’échéance de leur retour impossible au pays. Encore un film de claustration, Travail au noir est l’histoire d’un projet insensé voué à l’échec et la métaphore astucieuse de la douleur d’un pays et de ses exilés. Jeremy Irons, plus que crédible en travailleur polonais, y livre une performance extraordinaire. Après ce chef-d’œuvre, la carrière de Skolimowski va continuer d’avancer en zigzags, avec un film bizarre sur a création et l’exil Le Succès à tout prix, tourné entre Paris et Londres et deux adaptations littéraires à moitié académiques et plutôt ratées Les Eaux printanières et Ferdydurke. Mais avant ces films décevants, Skolimowski réalise en 1986 l’excellent Bateau-phare, qui prolonge la thématique de la difficile relation père fils déjà au cœur du Succès à tout prix dans les deux films l’adolescent est interprété par le propre fils de SKolimowski, Michael Lyndon. Unique film véritablement américain de Skolimowski, cinéaste habitué aux productions apatrides, Le Bateau-phare entretient pourtant une relation ambigüe avec sa terre d’accueil. C’est un film qui reste au large du cinéma américain comme de son territoire, puisque l’essentiel de l’action se déroule en mer, sur un bateau-phare chargé de surveiller les côtes. Pourtant, Skolimowski s’acquitte de sa commande un film noir hustonien, quasi remake de Key Largo tout en signant un film très personnel l’un des premiers scénarios de Skolimowski, Le Couteau dans l’eau de Roman Polanski, était déjà un huis clos maritime. Le Bateau-phare s’organise autour de deux duels psychologiques, l’un entre un père et son fils, l’autre entre le père, capitaine d’un bateau-phare, et un gangster en cavale. Selon la règle des tournages confinés, l’histoire du film a contaminé son tournage, avec des affrontements d’ego entre Klaus Maria Brandauer dont la ressemblance physique avec Skolimowski n’est pas fortuite, puisqu’il joue le père de Michael Lyndon, son fils et le cinéaste, ainsi que des rivalités professionnelles entre Brandauer et son ennemi à l’écran, Robert Duvall. En adoptant un classicisme de façade et sans trop se soucier des conventions du genre, Skolimowski est parvenu à conserver la tension et l’énergie de ses plus grandes réussites les contingences de la réalité ont toujours nourri son art. Ce goût du mouvement – parfois immobile – et de l’absurde, de la fuite et de l’épuisement se retrouve démultiplié dans le dernier film en date de Jerzy Skolimowski, chasse à l’homme qui offre à Vincent Gallo l’occasion d’une impressionnante performance masochiste, le génial Essential Killing 2011, un des chefs-d’œuvre sortis cette année dans les salles françaises et qui lui aussi est désormais disponible en DVD et Blu-ray, édité par Studiocanal. Indispensable, cela va sans dire. Archives On n'avait pas vu Konchalovsky à Paris depuis sa mise en scène de la Mouette au Théâtre de l'Europe. Le voici à l'Opéra-Bastille, poursuivant son investigation du patrimoine artistique russe avec une oeuvre donnée en mai dernier à la Scala de Milan, coproduite par l'Opéra de Paris. Depuis, il a tourné un nouveau film sur les perversions du stalinisme, période qu'évoque ici ce Soviétique mélomane et privilégié. Article réservé aux abonnés " Vous avez l'air triste... _ Je suis fatigué. Le manque d'infrastructure de votre Opéra m'épuise. Et puis, je n'arrête pas la mise en scène de la Dame de pique à la Scala en mai ; le tournage de mon dernier film tout de suite après ; et maintenant, la reprise de la Dame de pique à Paris. Je ne suis pas un metteur en scène d'opéra. Je fais de l'opéra entre les films. _ Ce dernier film que vous êtes en train de monter, comment s'appellera-t-il ? _ Peut-être le Projectionniste. Ou bien le Cercle intérieur. Ce cercle était un terme du KGB pour désigner les trente et une personnes qui étaient en contact physique quotidien avec Staline vingt-sept gardes du corps, deux chefs cuisiniers, une femme de chambre et un projectionniste. _ Quel genre de films Staline se faisait-il projeter ? _ Je le montre en train de regarder Toute la Ville danse, film que Duvivier a tourné aux Etats-Unis sur la vie de Johann Strauss. Mon projectionniste est un esclave qui adore son tyran. Car Staline était peut-être un politicien satanique, mais il n'était pas regardé par le peuple comme une mauvaise personne. Le peuple en avait fait un dieu vivant chaque peuple a les héros qu'il mérite. _ Faut-il conclure que le peuple soviétique s'est, sur ce point, amélioré ? _ Il y a toujours des stalinistes en Union soviétique. Il n'y a que les marxistes et les pragmatistes pour penser que le peuple puisse être amélioré. Le peuple est un système écologique résultant des réalités géographiques et des conditions climatiques. On ne peut pas attendre qu'un palmier vive soixante ans ni qu'un chêne soit aussi souple qu'un palmier. Ce sont des arbres dans les deux cas, mais de nature spécifique. _ La mise en scène des opéras de Tchaïkovski est-elle un moyen de retrouver votre enfance ? _ Je détestais l'opéra lorsque j'étais petit. J'ai dû en voir, forcément, mais j'y allais comme à l'école, je trouvais ça indigeste et interminable. J'ai vécu dans une famille élitiste, pendant le stalinisme. Mon père a été un excellent romancier pour enfants. Puis il est devenu fonctionnaire l'Union des écrivains, le pouvoir administratif lui ont donné de l'adrénaline pour vivre. Mon grand-père, lui, était peintre, il avait fait des décors pour Carmen au Bolchoï, il avait longtemps travaillé à Paris et était resté influencé par Cézanne. Il s'était marié avec une Française. Mon arrière-grand-père aussi. _ Tout cela semble sorti d'un roman de Tolstoï ou de Pouchkine... _ C'est vrai que ma famille a été sauvegardée comme une sorte de patrimoine, de trésor de la vieille Russie. Dans le premier discours que Staline a prononcé sur les intellectuels, il a établi la liste des artistes dont devait s'enorgueillir l'Union soviétique. Le nom de mon arrière-grand-père, le peintre Vassili Sourikov, y figurait ! Cela n'a pas empêché que deux de mes oncles ont été envoyés au goulag. Mais ma famille est restée un peu intouchable. Mon arrière- grand-père a pu refuser de faire le portrait de Staline sans être inquiété. Il a simplement été interdit d'exposition pendant dix-huit ans. _ Vous avez été pianiste. _ Ma mère voulait absolument que l'un de ses fils fût musicien. En 1925, elle s'était embarquée pour les Etats-Unis avec un homme d'affaires qui ne jouait pas trop mal du piano et dont elle avait décidé de faire une star internationale. Il a tout quitté pour elle puis, quand son premier récital a tourné en catastrophe, elle l'a quitté. Moi, j'ai été contraint, puni, battu, pendant huit ans. Puis je me suis résigné, je suis entré au Conservatoire dans la classe de Lev Oborin, avec la transcription de Petrouchka de Stravinski. "Dans cette classe, il y avait Vladimir Ashkenazy et un vrai génie, Dimitri Sakharov, qui est devenu alcoolique très tôt et dont on n'a plus jamais entendu parler. Mais à l'époque, tous deux étaient diaboliques. Quand on travaillait ensemble, il fallait ouvrir la partition du Clavier bien tempéré sur une fugue bien compliquée, la lire attentivement, puis la jouer sans faute. Ils étaient déjà prêts que je n'avais même pas commencé à mémoriser les premières lignes. Je crois que c'est Ashkenazy qui a décidé de ma vocation de cinéaste... _ Sa carrière s'est révélée un peu décevante ensuite. _ J'étais avec Richter quand Ashkenazy a donné son concert de retour à Moscou. Richter m'a dit " C'est tellement parfait... " C'était trop parfait, en effet. J'avais très bien connu Richter entre 1946 et 1948. Nos datchas étaient voisines. Il venait de gagner le premier prix au premier concours international des jeunes pianistes organisé en Union soviétique. Il avait déjà ces doigts de boucher, gros comme des saucissons, couverts de poils roux. Il m'a raconté qu'il devait parfois en jouer sur la tranche pour ne pas les accrocher entre deux touches noires. Il venait nous voir très souvent. Il a cassé la pédale du piano de mon grand-père. Celui-ci lui a déclaré " Jeune homme, l'art doit garder le sens de la mesure. Vous ne jouerez plus chez moi. " _ Les pianistes soviétiques n'ont pas précisément le sens de la mesure... _ Le pire était Sofronitski. Il n'était pas fou, mais très alcoolique. Sa première femme était la fille de Scriabine, qu'il jouait comme personne. Nous sommes allés à l'un de ses récitals avec ma mère. Nous l'avons trouvé dans une loge, pâle comme un mouchoir " Je vais mourir à l'instant même... " Il a fait patienter la salle deux heures et demie, personne n'est parti. Puis il a joué jusqu'à trois heures du matin. C'était un hooligan romantique cubiste. Moi, je ne me suis jamais senti bien avec un piano. _ Alors, finalement, qu'est-ce qui vous a amené à l'opéra ? _ La curiosité. Contrairement au cinéma dont la magie n'est jamais surréaliste, on peut utiliser l'image sur une scène lyrique comme une psychédélie en temps réel. Des effets spéciaux qui, à l'écran, pourraient paraître ridicules sont convaincants sur scène grâce à leur immédiateté. _ Hermann, le héros de la Dame de pique, est un héros fantastique. _ Dans une galerie de portraits, il se retrouverait à côté des personnages d'Edgar Poe, de Hoffmann, de Dostoïevski et de Kafka. C'estun possédé, un homme déjà mort avant que tout commence. Il voit le monde à travers sa perception de mort vivant. Cela m'a intéressé de jouer ici entre ma propre subjectivité, implicite, de metteur en scène et la subjectivité, complètement tordue, du héros. _ Dans votre mise en scène, l'action de la Dame de pique est légèrement décalée dans le temps. _ Pouchkine décrivait son époque. Tchaïkovski a transposé l'opéra au dix-huitième siècle, pour échapper à la censure sous les tsars, il était impensable de montrer un officier dévoré par la passion du jeu. Frigerio et moi avons décidé de situer la Dame de pique dans un climat fin de siècle à la Klimt, à la Egon Schiele, un climat de décadence, de volupté de la mort. La comtesse, je la vois comme une femme encore, pas un monstre Bette Davis. Je l'ai dit à Régine Crespin. Elle a sérieusement tiqué. Mais elle a essayé 1. Tout cela se passe dans un décor de tombe, de mausolée, dans des blancs lunaires, des gris fantomatiques, des matières poussiéreuses. On doit sentir passer la brise du mal. Les images sont celles qu'aurait dans la tête un homme qui ne dort jamais. _ Et vous n'avez pas l'air optimiste. _ Le temps me manque, c'est déchirant. Trois semaines de répétitions à Paris, cinq à la Scala, alors qu'il faudrait tout prendre à partir de zéro avec les chanteurs et inventer toute une pédagogie du geste, du caractère physique. Les chanteurs font des gestes lents dans les andantes, des gestes saccadés dans les tempos rapides. Ils sont incapables de dissocier l'expression corporelle de l'expression musicale. Il leur faudrait une école. Je comprends que Strehler ait exigé douze semaines de répétition pour son Don Giovanni à la Scala. " Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Découvrir les offres multicomptes Parce qu’une autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois ordinateur, téléphone ou tablette. 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le père était peintre le fils cinéaste